Pesticides agro-alimentaires : même dans la montagne

 

Le business agro-chimique est plus fort que les lois !

Une étude du CNRS sonne l'alarme :

<< Mais où les abeilles vont-elles bien pouvoir se réfugier ? Même la nature sauvage des montagnes leur est devenue fatale. Cette mauvaise nouvelle – la dernière en date dans la longue liste des calamités qui frappent les insectes butineurs – arrive des Pyrénées-Orientales avec une enquête dont les résultats viennent d'être transmis aux apiculteurs. Leurs taux de perte atteignent des records, jusqu'à 100 % de mortalité, en particulier chez ceux qui pratiquent la transhumance avec leurs ruches vers les hauts pâturages. Cette année se solde par une hécatombe dans le département : 48 millions d'abeilles ramassées mortes, 1 300 ruches touchées, soit une sur dix. Et la situation est au moins aussi alarmante chez les voisins, en Ariège (5 000 colonies décimées), dans l'Hérault, l'Ardèche. ''Après la saison estivale 2013, nous avons constaté que les colonies ne souffraient ni de fortes attaques de la part de parasites, ni de maladie manifeste, rapporte Marc-Edouard Colin, vétérinaire expert en pathologie de l'abeille. En revanche, elles présentaient des symptômes caractéristiques d'intoxication : troubles nerveux, faible reproduction...'' >>

C'est l'enquête de Martine Valo dans Le Monde du 15/08 : selon l'étude d'un laboratoire du CNRS du Rhône, 81 % des décès d'abeilles pyrénéennes sont dus aux pesticides. Il s'agit non seulement de pesticides emportés illégalement d'Espagne par les éleveurs de vaches et de brebis, mais de néonicotinoïdes légaux, auxquels la FNSEA de M. Beulin ne renoncerait que par la force de la loi, et qui dévastent les ruches jusque dans les pâturages de montagnes - crus préservés jusque là. Témoignages d'apiculteurs recueillis par la journaliste : « Nous avons dû cesser de fréquenter les zones arboricoles et les vignes avec nos ruches... »

Le président du Groupement de défense sanitaire apicole des Pyrénées-Orientales n'incrimine pas les éleveurs et les agriculteurs, mais les industriels de l'agro-chimique : le problème, explique-t-il à la journaliste, ce sont « les produits mis sur le marché » : « ils sont incompatibles avec les abeilles ». Peut-on lutter contre le marché ? Oui, si la loi devenait rigoureuse... et si elle était appliquée. Mais pour l'instant, constate l'apiculteur, « chaque fois qu'un pesticide est retiré du marché (par la loi), il est vite remplacé par deux autres. » Cette domination du business est angoissante, dit-il : « nous sommes inquiets en tant que citoyens. »

 

 

PS - Information à l'usage des bonnes familles : contrairement à ce qu'on lit dans les ouvrages de piété agro-chimique, les abeilles sont indispensables. Elles ne fournissent pas seulement le miel du petit-déjeuner, servi avec la marmelade d'oranges ('so English') à 7 euros le pot.